Dans le cadre de la série de conférences sur la culture de paix au Liban "En contre-guerre", Ahmad Beydoun interviendra le lundi 5 octobre 2015 à 18h à la salle polyvalente de l'ALBA.
La conférence sera donnée en arabe - Parking assuré
Les Libanais ont écoulé beaucoup de mots à louer la « formule de coexistence » qu’ils considèrent tant une base qu’un atout, et pour la société et pour l’État. Ces louanges ne les ont toutefois pas empêché de s’enfoncer dans multitudes de guerres dévastatrices qu’ils mènent contre leurs compatriotes ou invitent chez eux. Le joug de cette guerre pesant lourd, les Libanais se sentent impuissants face à de nombreuses lacunes qui se creusent au sein de ladite formule, menaçant d’une potentielle reprise des hostilités.
Quelle est donc la source de cette fragilité qui tourmente la situation de la paix au Liban, et empêche les Libanais de défendre leur pays contre des dangers qui préparent le chemin à la violence extérieure ou dont les racines poussent dans les relations intersociétales?
La réponse à cette question pourrait se révéler au niveau institutionnel de l’État et de la société – passé et présent. Il serait utile aussi d’examiner le lot de la culture sociétale dans cette question, en particulier les concepts d’origine religieuse que chaque confession porte en elle, et que toutes confessions se font mutuellement porter.
Il en revient à conclure que l’infiltration absolue de la religion au sein de la politique et de la sociologie coupe les ponts vers un questionnement de soi, de ses valeurs, et se dresse en obstacle contre une vision politique indépendante de la logique du vrai et du faux inhérente à la religion, tant chez soi que chez les autres. Cet autoquestionnement et cette affirmation sont vitaux à la paix, puisqu’ils introduisent un relativisme appelant à se visualiser à travers le vrai et ses valeurs, et pavent le chemin vers une tolérance des autres à travers leurs vérités et valeurs, sous-entendant un caractère légitime à leurs propres yeux.
À propos du conférencier

Ahmad Abdel Latif Beydoun est né à Bint Jbeil, sud du Liban, en 1943.
Il fait ses études primaires et secondaires à l’École publique de Bint Jbeil, puis à Notre-Dame de Mechmouché près de Jezzine, et aux Maqassed islamiques de Saïda. Il obtient de l’Université de Paris une bourse d’excellence pour ses études doctorales, mais interrompt ses études avant d’obtenir son diplôme.
Il enseigne la philosophie, l’histoire et la traduction dans les lycées publics de 1966 à 1977, et donne des cours de français et de traduction à l’Université arabe de Beyrouth (BAU) de 1969 à 1975.
Il obtient le Doctorat d’État en Lettres et sciences humaines de l’Université Paris-Sorbonne (Paris IV) en 1982. Il devient dès lors professeur adjoint puis professeur de sociologie de la culture et de la connaissance à l’Université libanaise jusqu’à sa retraite en 2007.
Il donne plusieurs conférences au Liban et dans quelque vingtaine de pays. De même, il travaille et collabore avec différents centres de recherche, et occupe le poste de professeur et chercheur émérite dans plusieurs institutions françaises d’enseignement supérieur et de recherche, dont la dernière fut le Collège de France. Il fut membre de comités d’édition dans plusieurs magazines, et de conseils scientifiques et commissions de spécialisation. Il participe et préside nombre de projets de recherche.
Ahmad Beydoun a publié jusqu’aujourd’hui plus d’une quinzaine de livres, la majorité en arabe, les autres en français, et a contribué par des chapitres et des articles à des œuvres collectives et publications cycliques diverses. Ses œuvres couvrent les affaires de la société libanaise et son système politique, ainsi que d’autres questions relatives à la langue et culture arabes. Il est de même auteur d’œuvres littéraires et de traductions.