Né à Beyrouth le 18 Février 1932, Zaven est un de nos artistes sculpteurs libanais les plus réputés.
Zaven Hadichian a étudié les Arts Plastiques à l'ALBA (1949-1952) et a poursuivi ses études à Paris, à l'Ecole Nationale Supérieure des Beaux-Arts (ENSBA, 1952-1958).
Premier libanais à enseigner la sculpture à l'université, il professe son art d’abord à l'ALBA, pendant de nombreuses années (1960- 1982), puis à l'INBA (1966-1987) où il a mis en place le nouveau programme d'enseignement de modelage. C’est à l’ l'USEK qu’il clôture sa carrière d’enseignant, de 1980 à 1982.
Zaven a exposé ses œuvres à de nombreuses reprises, au Liban et à l'étranger (comme par exemple en 1954 au Petit Palais dans le cadre de l'exposition Artistes Etrangers en France) et a participé à de nombreux salons, régionaux et internationaux.
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L'ALBA est très fière d'accueillir dans ses locaux cette exposition de l’enfant chéri de la maison: les travaux de Zaven – essentiellement des pièces en bronze- seront visibles du 16 au 25 octobre de 10h à 18h (exclus samedi et dimanche), le vernissage aura lieu jeudi 16 octobre 2014 à 18h.
À propos de la sculpture de Zaven
L'Enveloppant et l'Enveloppé par Joseph Tarrab
Dans le panorama de la sculpture Libanaise, Zaven Hadichian sese par l'unité et la cohérence d'une conception artistique qui ne laisse de place ni à la complaisance, ni à la gratuité.
C'est à partir d'une dialectique de l'enveloppant et de l'enveloppé que sa démarche formelle s'articule rigoureusement. En sorte que, dans leur structure et leurs surfaces, ses œuvres se développent comme des théorèmes, sans que cet esprit d'économie ne nuise à l'économie de l'esprit et d'une sensibilité d'autant plus subtile qu'elle se veut plus retenue.
Le motif exclusif de Hadichian reste le corps humain, mais le corps voilé. Le nu distingue, sépare et disperse, Le voile enveloppe rassemble et unifie.
Du corps ainsi caché, intériorisé, rendu à son orientalité et peut-être, au- delà, à une primordialité métaphysique, n'affleurent que des lignes et des points de force qui organisent la tension du voile. Lequel se déploie amplement sans pli ni drapé en surfaces lisses aux modulations raffinée qui se configurent en versants convexes ou concaves diversement orientés et éminemment aptes à capter , partager et contraster l'ombre et la lumière.
Curieusement, tout en orchestrant la continuité des formes, des lignes et des plans en un ensemble d'une seule tenues, sans faille ni trouée, la sculpture de Zaven dissout le volume qui ne fait plus bloc, mais semble en perpétuelle rétraction comme s'il cédait élastiquement à la pression ambiante, accentuant ainsi la tension engendré par le mouvement interne.
D'où un effet de savante maîtrise, de pureté, de précision et d'élégance qui n'est pas sans rappeler les figures archétypales de la danse moderne, d'autant plus que les sculptures de Hadichian tantôt s'élancent en l’air, tantôt s'étalent au sol, tantôt semblent s'en arracher en y prenant appui.
On ne peut s’empêcher, devant le rythme de certaines œuvres, d’évoquer des images de Martha Graham qui, elle aussi, accordait une grande importance au vêtement enveloppant qui magnifie les gestes et leur communique envergure, noblesse et portée universelle.
Dans cette esthétique du voilement sans dévoilement, le voile n'est pas un moyen supplémentaire de séduction, par l'alternance érotique le l'ouverture et de la fermeture, mais un moyen d'occultion définitive qui peut être interprété aussi bien comme une volonté de réclusion que comme une réclusion de la volonté - qui appellerait un pénible effort de libération.
C'est le corps invisible qui confère, en l'animant de cette manière ambiguë, sa vie et son mystère au voile visible, et non l'inverse. Ce qui justifie, du coup, la prééminence esthétique des effets de structure et de surface: La dialectique de l'enveloppant et de l'enveloppé est celle d'un extérieur intériorisant et d'un intérieur extériorisant.
L'énoncé plastique de ces œuvres dépouillées semble si juste qu'on ne saurait rien lui adjoindre ni rien lui ôter sans tomber dans l'erreur, comme si leur auteur, travaillant à la limite, calculait au plus prés ses formes, qui semblent anguleuses et qui ne le sont pas, toute arête vive allant progressivement se fondre dans la masse dont elle émerge.
C'est que Hadichian ne concède rien au hasard: loin d'improviser au jugé, il prémédite longuement ses œuvres qui ne sont finalisées qu'au bout d'un processus en quatre phrases: petit modèle en terre glaise, maquette réduite qui servira par la suite à l'édition de quelques bronzes numérotés, maquette grandeur nature en plâtre exécutée avec une précision absolue étant donné que l’œuvre définitive en pierre en sera la scrupuleuse reproduction.
Le travail de création se situe entre l’ébauche en terre glaise et la maquette en plâtre : c'est dans cet intervalle que s'élaborent et mûrissent ces œuvres où le calcul s'allie à l'intuition, la recherche à la trouvaille, l'esprit de géométrie à l’esprit de finesse, la lucidité de la conscience à l'obscure clarté de l’inconscient.
En revenant après une si longue absence, Hadichian nous apporte en cadeau une vertu qui risquait fort de disparaître: L'amour de la perfection.