«... leur danse était un accident organisé, des faux-pas qui se prolongent et s’alternent avec une discipline de fugue. Les gênes pour se mouvoir sous ces charpentes, loin d’appauvrir le chorégraphe l’obligeraient à rompre avec d’anciennes formules, à chercher son inspiration non dans ce qui bouge mais ce qui autour de quoi on bouge, dans ce qui remue selon les rythmes de notre marche» (Cocteau, lettre à Paul Dermée).
Autour de Parade
«Autour de Parade» prendra comme point de départ le petit livret écrit par Jean Cocteau[1] en 1916 pour le ballet «Parade».
La première du ballet Parade (musique de Satie, décors de Picasso et chorégraphie de Massine) fut présentée par la Compagnie des Ballets russes de Diaghilev au théâtre du Châtelet à Paris, le 8 mai 1917. L’évènement constitua un jalon important dans ce que, près d’un siècle plus tard, nous continuons d’appeler ‘les Temps modernes’. L’argument de Parade est simple: sur un boulevard, devant une baraque foraine, un groupe d’artistes de cirque ambulant exécutent des extraits de leurs numéros afin d’attirer le public vers le spectacle qui aura lieu à l’intérieur.
Cocteau avait défini Parade, comme un ‘ballet réaliste’, il y voyait l’expression ou plutôt la manifestation de la vie quotidienne, allant dans ce sens jusqu’à proposer l’insertion dans le ballet de bruits divers tirés de la vie urbaine (frappes de machines à écrire, dynamos, aéroplanes), procédé se référant ainsi directement aux collages des peintres cubistes. Il est remarquable à ce sujet, que Guillaume Apollinaire, dans les notes rédigées pour le programme de Parade, allant plus loin que Cocteau, inventa le mot ‘sur-réalisme’.
Dans cet esprit, avec ‘Autour de Parade’ nous nous proposons de construire, autour de l’argument de Cocteau, une série de 11 petits divertissements scéniques inspirée de son univers littéraire. Ce serait:
La parade des Enfants Terribles, la parade de la Belle et de la Bête, la parade des Parents Terribles, la parade d’Orphée, la parade de la Machine Infernale, la parade du Clair-Obscur, la parade des Monstres Sacrés, la parade de la Machine à Écrire, la parade de Bacchus, la parade du Bel Indifférent, la parade des Énigmes.
La musique écrite par Satie pour Parade (12mn) constituera le noyau de l’accompagnement musical. Ce dernier aura une durée d’environ 60 mn et sera l’occasion d’une exploration du champ d’influence d’Eric Satie, influence qui n’a cessé de croître tout au long du XXe siècle. S’il a directement infléchi la production de Debussy, Stravinsky, Ravel et Poulenc, il a souvent été explicitement revendiqué par des compositeurs contemporains aussi différents que John Cage, Steve Reich, Philip Glass ou Michael Nyman, et dans un autre registre par Brian Eno et Frank Zappa.
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